Petit tour en vitesse sur Google avec pour mission : « chercher un psy »…
Résultat : pas évident… Comment trouver un thérapeute qui nous fasse vraiment du bien ? Petit tour au cœur de la grande nébuleuse de l’univers « psy ».
« Bonjour, je recherche un psy qui soit un peu plus bavard que la majorité... En effet, ma sœur qui sort bientôt d'une clinique psy suite à une dépression sévère doit se trouver un thérapeute pour l'aider. Le problème c'est qu'elle en a déjà « essayé» quelques-uns mais ça n'a pas collé: aucun dialogue ne s'est instauré. Bien sûr, on sait très bien que c’est au patient de faire le boulot mais du coup cela fait des années qu'elle traîne avec ses problèmes!!! »
Voici un exemple de témoignage que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux. Il signe un problème majeur que rencontrent de nombreuses personnes lorsqu’elles sont à la recherche d’un psy. Quel psy choisir et où le trouver ? Comment savoir quel type de thérapie conviendra et à qui ? Les psys sont-ils tous mutiques ? Certains interviennent-ils et si oui comment ?
Le monde « psy » est un univers hétéroclite encore fortement troublé par les remous dû aux innombrables querelles d’écoles qui l’agitent depuis plus d’un siècle. Les esprits encore échauffés surtout entre les divers camps retranchés, laissent peu d’ouverture à une approche saine. Heureusement, depuis peu, de nombreux « psys » revendiquent une approche dite « intégrative » qui comme son nom l’indique intègre diverses références théoriques. Une manière dynamique et positive de prélever dans chaque méthode ce qu’elle comporte de plus performant.
Au commencement était Freud
Grosso modo, on peut considérer que la notion de psychothérapie, c’est-à-dire le « soin donné à l’âme » est née des recherches de Sigmund Freud, le père de la psychanalyse. Il est l’artisan de la fameuse « cure » psychanalytique qui bien qu’elle ait constitué pendant de nombreuses décennies « la » référence en matière de psychothérapie, n’a cessé d’être l’objet de critiques incessantes pratiquement depuis son avènement.
Typiquement, les psys d’obédience psychanalytique sont ceux « qui ne parlent pas ». Ils ne considèrent pas directement le symptôme comme un problème à évincer mais plutôt comme le signe que quelque chose ne va pas dans la fantasmatique ou la symbolique du patient. Des éléments inconscients problématiques perturbent le patient à son insu et se manifestent dans le symptôme. Or, pour permettre au patient de mettre à jour ces contenus inconscients, il ne faut pas l’influencer. Aussi, le psychanalyste garde-t-il une position parfaitement neutre qu’on appelle la neutralité bienveillante. D’où le silence poli avec lequel il accueille le discours du patient… et qui ne plaît pas toujours à tout le monde !
Parallèlement à la psychanalyse, d’autres méthodes de psychothérapie sont nées dans le courant du XXème siècle. A l’heure actuelle, on compte plus de cinq cent écoles, méthodes ou techniques psychothérapeutiques. Difficile de s’y retrouver !
Une solution parmi d’autres serait de s’en tenir aux pratiques qui ont fait leurs preuves et notamment à celles qui sont enseignées dans les universités. C’est loin d’être la panacée mais l’avantage est qu’elles ont bénéficié de multiples études et expérimentations effectuées selon des normes scientifiques strictes qui portent autant sur les méthodes elles-mêmes que sur les résultats qu’elles rencontrent.
Estampillé « scientifique »
La thérapie systémique s’adresse directement aux « systèmes » humains. La systémique étudie les interactions entre les êtres plutôt que le psychisme d’une personne isolée. Autant la psychanalyse et dans une certaines mesure la TCC se préoccupent de l’individu face à ces problèmes, c’est-à-dire ce qu’on appelle la sphère « intrapsychique », autant la systémique, elle, va s’intéresser aux relations « interpsychiques » c’est-à-dire aux relations entre les personnes. Typiquement, il s’agit de l’approche privilégiée pour le traitement des problèmes de couple ou de problèmes familiaux. Les systémiciens n’hésitent pas à faire venir une famille entière dans leur cabinet ! L’avantage étant d’avoir un aperçu très intéressant sur la manière dont les membres de la famille interagissent ensemble. Si Lola, neuf ans suce encore son pouce, le systémicien ne verra pas la fillette seule. Il se penchera sur les relations qu’elle entretient avec sa famille : le « symptôme » peut-être l’expression d’un dysfonctionnement du couple parental ou être dû au fait qu’un petit frère est arrivé qui accapare la maman…
La thérapie cognitivo-comportementale (ou TCC pour les intimes…) considère que si un comportement indésirable se manifeste, il peut être supprimé par l’apprentissage inverse. La première à tenter l’expérience fut Mary Cover James en 1924. Afin d’aider des enfants présentant une peur spécifique (peur du noir, des araignées, des animaux…), elle les expose peu à peu à l’objet de cette peur et les récompense au fur et à mesure. Progressivement, les enfants arrivent à surmonter les effets de la peur et se débarrassent du symptôme.
La TCC rencontre d’excellents résultats notamment dans le traitement des troubles anxieux, des troubles du comportement alimentaire ou sexuel. Cependant, l’un des reproches qui lui est souvent adressée est son manque de prise en considération de la sphère émotionnelle : la TCC peine à résoudre d’autres problèmes plus complexes comme par exemple la répétition des scénarios de vie.
Mais depuis quelques années, de nouveaux courants d’origine cognitivo-comportementaliste englobent désormais la sphère émotionnelle. C’est le cas de Jeffrey E. Young qui considère que lorsque nous avons tendance à répéter sans cesse les même scénarios de vie, cela vient du fait que nous avons « appris » un certain type de comportement pendant l’enfance et que nous recherchons de manière plus ou moins automatique des personnes qui vont nous permettre d’adopter ce type de comportements.
Anne, 43 ans, est une patiente qui « tombe » systématiquement sur le même type d’hommes : des hommes qui ne s’engagent pas. Or, au cours de l’entretien, on découvre que son père était alcoolique. L’une des caractéristiques d’un parent alcoolique est son ambiguité : à jeûn, il est adorable, une fois sous l’emprise de l’alcool, il devient absent ou violent... L’enfant qui se trouve confronté à ce parent instable va apprendre que les relations avec des personnes que l’on aime ne peuvent être qu’ambigues. La personne met en place un « schéma » qui va servir de présupposé à toutes ses relations futures. La « thérapie des schémas » de Young est en fait un bel exemple de thérapie intégrative : il s’agit d’une approche TCC qui inclut un véritable travail sur les émotions, et se penche également sur les interactions interpersonnelles qu’entretiennent les patients.
Or, il n’est plus aujourd’hui de thérapeute sérieux qui ne se revendique que d’une seule approche. Une bonne compréhension et une intégration intelligente des diverses approches est un bagage indispensable pour un thérapeute efficace. Les querelles d’écoles ont fait long feu, c’est une nouvelle approche intégrative que le futur ‘patient’ doit rechercher dès à présent.
Les « Faqs » :
Combien coûte une psychothérapie ?
Les prestations varient de 40 à 70 euros environ pour une séance. Les thérapeutes de couple et familiaux ont généralement deux tarifs : un tarif de base lorsqu’ils reçoivent une personne seule et un tarif lorsqu’ils reçoivent les couples qui est plus élevé.
La mutuelle rembourse-t-elle les prestations de mon thérapeute ?
Les seuls praticiens dont les prestations sont remboursées sont les psychiatres et les psychologues. Les psychiatres sont des médecins spécialisés, ils sont les seuls à pouvoir prescrire des médicaments. Ils ne sont pas tous formés à la psychothérapie.
Le cursus des psychologues les forme modérément à la psychothérapie. Leurs prestations sont remboursées par les mutuelles (à raison de 20 ).
Les psychothérapeutes sont formés exclusivement à la psychothérapie. Le titre n’a pas encore été reconnu en Belgique aussi les mutuelles ne remboursent-elles pas leurs prestations.
Quel psy choisir ?
Les études montrent que toutes approches théoriques confondues, une dimension absolument cruciale pour le bon déroulement de la thérapie est ce qu’on appelle la « relation thérapeutique ». Et comme toute relation humaine, elle est imprévisible. Il est donc conseillé de faire un peu son « shopping » : il n’est parfois pas inutile de prendre deux ou trois rdv chez des psys différents pour tester les affinités.
Comment sait-on qu’une thérapie est efficace ?
On a souvent pensé, et c’est encore fort ancré dans les mœurs qu’une thérapie doit être une sorte de chemin de croix au cours duquel on souffre et qui doit sembler interminable. C’est faux ! Une thérapie est un travail qui comme tout travail peut rencontrer des écueils et des difficultés mais qu’il s’agisse de remédier à des conflits familiaux, reprendre confiance en soi, se débarrasser de tocs ou de phobies, soulager un comportement paranoïaque ou se défaire d’une tendance à la dépendance affective, une thérapie vise un objectif et doit être efficace. Si elle ne l’est pas, si l’on constate après quelques mois que l’on fait du sur-place, c’est que la thérapie ne fonctionne pas. Il faut oser en parler au thérapeute et éventuellement mettre un terme à ce travail-là.