L'effondrement autistique ou meltdown est une réponse intense et involontaire à une situation ou un stimulus, au cours de laquelle, la personne perd momentanément le contrôle de son comportement.
Il existe tout un vocabulaire lié à l'autisme et les termes utilisés sont à dominance anglaise. Cela est dû en partie au fait que l'anglais est la langue principale de la recherche. L'anglais est également la langue de prédilection des réseaux sociaux sur lesquelles de nombreuses personnes autistes partagent leurs expériences. Le terme "meltdown" a été choisi pour décrire une expérience particulièrement intense que vivent les personnes autistes lorsqu'elles se retrouvent en "surcharge" (overload). La définition officielle du terme est la suivante: un meltdown est "une situation extrêmement dangereuse qui se produit dans une centrale nucléaire et au cours de laquelle la température du carburant nucléaire s'élève drastiquement; il se met alors à fondre et se répand ensuite dans l'environnement".
Le fait que ce terme ait été choisi pour exprimer cette expérience autistique très particulière n'est pas anodin. De fait, au cours de l'effondrement autistique, la personne a la sensation de se dissoudre, de "fondre", de se "répandre"... Elle se sent dépassée car d'une part, son cerveau n'est plus en mesure de traiter les informations qui lui parviennent et d'autres part, ses fonctions exécutrices sont affaiblies voire inactivées. Dans cet article, j'utilise "effondrement autistique" et "meltdown" de manière indifférenciée.
A quoi ressemble un effondrement autisitique?
La surcharge qui précède le meltdown peut provenir de l'extérieur via un trop-plein d'informations sensorielles (lumières trop vives, environnement sonore trop puissant, odeurs trop fortes, etc.) mais également de l'intérieur, à la suite d'une vague d'émotions trop intenses et/ou trop soudaines.
Contrairement à une "crise de colère" ou "crise de nerfs" qui ont un objectif (obtenir quelque chose, attirer l'attention...), l'effondrement autistique est involontaire et est accompagné d'une perte de contrôle: la personne n'est plus capable de contrôler ses comportements.
La réponse comportementale de l'effondrement autistique peut se présenter de différentes manières:
Pleurs intenses et/ou cris
Agressivité vis-à-vis de soi-même ou des autres
Auto-mutilation (se mordre, se couper, se frapper la tête contre un mur)
Fuir ou se cacher
Effondrement physique: la personne peut tomber "comme en syncope", se rouler en boule dans un coin, ne plus pouvoir tenir debout.
La durée et l'intensité de l'effondrement autistique sont très variables et dépendent de multiples critères. Un meltdown peut durer quelques minutes ou beaucoup plus longtemps. La durée est influencée, entre autres, par la manière dont les personnes présentes vont réagir.
Déclencheurs de l'effondrement autistique
Les déclencheurs peuvent être multiples: il peut s'agir de sur-stimulation sensorielle, d'un changement soudain dans une routine, d'une frustration face à des difficultés communicationnelles ou face à trop de sollicitations.
Mais le plus souvent, c'est l'accumulation de plusieurs déclencheurs qui finit par submerger la personne et un détail minime, une contrariété mineure ou une petite stimulation sera la goutte qui fait déborder le vase!
A la suite d'un effondrement autistique, la personne peut se sentir exténuée et peut avoir besoin d'un bon temps de repos. Pour donner une analogie un peu hardie, lorsqu'un ordinateur "plante", il faut le "rebooter" et cela prend un certain temps...
Il est faut insister sur le fait que le meltdown n'est pas un choix! Il ne s'agit pas d'une tentative délibérée de "faire une scène" en vue d'obtenir quelque chose. En fait, c'est même plutôt l'inverse: la personne en plein effondrement autistique a besoin d'être soustraite à toute forme de stimulation.
Comment aider une personne qui est en meltdown?
Vu de l'extérieur, l'effondrement autistique est très impressionnant. Pour les non-avertis, il peut ressembler une sorte de manifestation pathologique. La personne peut être perçue comme étant "devenue folle". Cela est dû à la perte de contrôle et à l'intensité des manifestations. La personne elle-même, se retrouve aux prises avec un sentiment de "helplessness" (sentiment d'impuissance et de fatalité associées à l'idée que la situation est sans espoir). Simultanément ou rétrospectivement, l'individu ressent un sentiment de honte profonde, a fortiori, si le meltdown se produit en présence d'autres personnes. Cela dit, les adultes autistes peuvent avoir appris au cours de leur vie à reconnaître les prémisses de l'effondrement autistique et à s'isoler avant qu'il ne se déclenche. Cela permet à la personne d'éviter d'être confrontée à des réactions maladroites de la part des autres susceptibles de rajouter des stimuli à traiter alors que le cerveau est déjà saturé.
Lorsque l'on est témoin d'un effondrement autistique, le mieux que l'on puisse faire pour aider la personne est de réduire les stimulations.
Voici un petit résumé des choses à faire et à ne pas faire:
ne pas toucher la personne sans la prévenir, et ne pas la toucher si elle refuse.
amener la personne dans un endroit calme et sombre (dans la chambre, baisser les stores, tirer les rideaux...).
parler doucement et seulement pour donner des informations pratiques: "je t'amène dans la chambre", "je vais te chercher un verre d'eau", ...
ne poser que des questions pragmatiques fermées (réponse oui ou non): la personne n'est plus en mesure de comprendre des nuances, il est possible qu'elle n'arrive même plus à parler (mutisme situationnel). On peut lui suggérer de répondre par un signe de tête, si les mots n'arrivent plus à sortir.
Exemple: "souhaites-tu que je reste avec toi?", "souhaites-tu être seule?", "veux-tu un câlin?"...
ne pas poser de questions auxquelles la personne ne peut pas répondre comme: "qu'est-ce que tu ressens?", "qu'est-ce qui te perturbes", "pourquoi tu pleures?", ...
ne pas donner de conseils que la personne est incapable de suivre comme "calme-toi! ", "essaie de respirer par le nez", "arrête de pleurer", ...
ne pas faire porter une responsabilité à la personne: "tu n'as pas compris, ce n'est pas ça que j'ai voulu dire", "tu devrais apprendre à mieux contrôler tes émotions", ...
ne pas ouvertement critiquer la personne, ni se fâcher: "tu te donnes en spectacle", "arrête de faire l'enfant, c'est ridicule", "si tu n'arrêtes pas immédiatement... (suivi d'une menace)", "tu t'énerves vraiment pour des bêtises", "moi quand je suis frustré.e, je sais me dominer"...
ne pas réagir aux paroles de la personne: il est possible qu'en plein milieu d'un meltdown, la personne dise des choses extrêmes, elle peut être agressive, dire des gros mots, insulter autrui ou elle-même.
rassurer la personne de manière brève: "tu es en sécurité avec moi, tu peux te laisser aller", "je vois que c'est difficile pour toi mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas peur"
Et enfin, laisser à la personne tout le temps dont elle a besoin pour sortir de l'état d'effondrement autistique et pour récupérer ensuite.
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