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  • Writer's picturePascale Larivierre

« MDR » : Rira bien qui vivra le dernier !


Grosse déprime ? Angoisses paralysantes ? Bobos en tous genres ? Mieux vaut en rire qu’en pleurer ! En tout cas, si l’on en croit les défenseurs de la santé par le rire : rien de tel qu’une bonne dose de fous-rires quotidiens pour faire de vieux os !

Rire à gorge déployée, rire à en pleurer, rire à s’en péter le caisson… Pas très sérieux tout ça, me direz-vous… Certes. Mais précisément, c’est là tout l’intérêt. Car trop de sérieux nuit à la santé. Pour preuve, une pléthore de livres, sites web, clowns d’hôpitaux et véritables spécialistes qui ne tarissent pas d’éloges sur les vertus curatives du rire.

Mais qu’est-ce que le rire, au fait ? Selon les très sérieux scientifiques spécialistes de la question, le rire est une réponse physiologique qui se traduit par une cascade de réponses... physiologiques ! Bon. Nous ne sommes pas très avancés. En fait, ce qu’il faut entendre par physiologique, c’est grosso modo « physique, chimique et involontaire ». C’est d’ailleurs ce qui est excitant dans le rire : on ne contrôle pas son apparition. Il est même parfois tellement puissant, qu’on ne contrôle pas non plus son extinction : c’est le fou-rire ! On rit à en perdre le souffle et on ne peut plus s’arrêter. Et plus il y a de fous qui rient avec nous, plus c’est dur d’y mettre un terme.

Rire pour la santé : c’est du sérieux !

Quand nous rions fort, nous prenons une grande inspiration, nous rejetons la tête en arrière, nous étirons les muscles de notre visage, de notre mâchoire, de notre gorge, de notre diaphragme, de notre poitrine, de notre abdomen, de notre cou, de notre dos, parfois même de nos membres, et nous expirons en un "ha-ha-ha" explosif, explique Robert Provine, un neuroscientifique spécialiste des phénomènes involontaires comme le rire et le bâillement.

Ainsi, le rire entraîne une mobilisation d’à-peu-près toute la musculature qui procure une profonde oxygénation à tout le corps. Chacun des muscles du corps va subir une succession de contractions/décontractions pour finir par une décontraction généralisée et c’est valable même pour les muscles lisses des artères, pour le cœur et … les sphincters (d’où les pipis dans la culotte impromptus !) Lors du rire, nous alternons un moment d’excitation intense et un moment d’apaisement tout aussi intense juste après. Nous libérons de l’adrénaline qui donne du tonus et des endorphines qui atténuent la douleur. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons cette sensation de « Ah ! Qu’est-ce que ça fait du bien !» après s’en être payé une bonne tranche de rire avec un ami.

Selon Corinne Cosseron, « coach de rire », depuis l'Antiquité, les médecins préconisent dix minutes de rire par jour pour se maintenir en bonne santé. En 1939, les Français riaient dix neuf minutes par jour, en 1983, six minutes, en l'an 2000 ils ont passé la barre de la minute quotidienne. Aujourd'hui 7% d'entre eux estiment ne jamais rire.

Et pourtant, le cardiologue Michael Miller de l’Université de Maryland aux Etats-Unis a mis en évidence les vertus du rire dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. Nous ne savons pas encore pourquoi exactement le rire protège le cœur mais nous savons que le stress mental est associé à un déséquilibre de l’endothélium qui est la paroi qui recouvre et protège nos vaisseaux sanguins. Ce déséquilibre peut provoquer une série de réactions inflammatoires qui mènent à une accumulation de graisses et de mauvais cholestérol le long des artères et peuvent, ultimement, être responsables d’un arrêt cardiaque, explique le Dr Miller. Dans une étude menée sur 300 personnes, le médecin et ses collaborateurs ont constaté que les personnes présentant une maladie de cœur sont moins enclines à reconnaître l’humour dans les propos d’autrui et sont moins capables de l’utiliser dans des circonstances inconfortables. Ils rient généralement moins que les non malades, y compris dans des situations positives. Enfin, ils font preuve d’une plus grande tendance à exprimer de la colère et de l’agressivité.

Ce n’est pas tout. Une étude réalisée par Maciej Buchowski, un chercheur de l’Université Vanderbilt University a montré que 15 minutes de rire nous font perdre… 50 calories ! Bon. Il ne faut pas sauter sur des conclusions hâtives : calories ne veut pas dire kilos. Aussi à ce rythme, il faudrait rire 12 heures d’affilées pour perdre un demi kilo. Mais quoi qu’il en soit, une chose est sûre : rire régulièrement procure un sentiment de bien-être et engendre une humeur globale positive.

Or, là aussi les études montrent que les émotions positives s’engendrent les unes les autres. Lorsque nous sommes de bonne humeur, nous évaluons mieux les situations, nous bénéficions d’une plus grande capacité à relativiser les bobos et problèmes mineures, nous sommes plus créatifs, nous avons moins tendances à présenter des réactions angoissées. Avec comme conséquence, une diminution du stress et du cortège de pathologies liées à ce dernier.

Le meilleur exemple de cette spirale vertueuse est sans conteste Norman Cousins, devenu célèbre pour avoir lutté contre une grave maladie... par le rire ! Norman Cousins était le rédacteur en chef d’un journal aux Etats-Unis dans les années soixantes. En 1964, les médecins lui diagnostiquent une spondylite ankylosante, une maladie chronique qui engendre de terribles douleurs articulaires. Découragé par les médecins qui considèrent sa condition sans espoir, il s’intéresse aux conséquences du stress sur la santé et aux effets des émotions positives sur la réduction du stress. Convaincu par ses lectures, il s’installe dans un hôtel de Manhattan où il engage une infirmière qui lui lit des histoires désopilantes et lui passe des films des Marx Brothers à longueur de journée. A cela, il ajoute des doses massives de vitamines C (réputée pour avoir un effet bénéfique sur le stress). Le traitement s’avère efficace : très rapidement Norman Cousins arrête les doses massives d’antidouleurs prescrits par les médecins. Il a réalisé que le rire lui permettait de supprimer la douleur !

Aujourd’hui, de nombreuses personnes bénéficient de ce principe. On pense notamment aux clowns d’hôpitaux qui font un travail extraordinaire avec les enfants auxquels ils permettent de mieux vivre des traitements très lourds et douloureux. Depuis quelques années, et grâce à des pionniers comme Corinne Cosseron, des clubs de rire fleurissent un peu partout dans le monde.

L’humour au placard, vive la chatouille !

Outre ses vertus thérapeutiques, le rire possède de puissantes vertus sociales. Cependant, au risque de décevoir les acharnés des blagues déjantées et diaporamas délirants qui saturent nos très sérieuses « Inbox », l’humour n’est pas la cause principale du rire. En effet, selon Robert Provine seules 20% des situations de rire semblent être provoquées par l’humour. Lors de ses recherches, Robert Provine a observé des milliers d’heures de conversations entre des quidams dans des lieux publics. Le constat est étonnant : On a noté plusieurs questions et commentaires typiques, tels que “J’espère que nous avons bien fait”, “C’était un plaisir de vous rencontrer”, “On peut y arriver”, “Je te l’avais bien dit !”, “Ce n’était pas toi ?”, “Que se passe-t-il ?”, “que voulez vous dire par là ?”, etc.,

Pas la moindre trace d’humour là-dedans…

Pourquoi rions-nous alors ? Selon le spécialiste, le rire est un phénomène essentiellement social. Il officie en maître pour désamorcer un inconfort, un malaise, un début d’agressivité. Et son importance est telle dans la constitution des liens qui unissent les humains qu’il fait ses débuts très tôt, au berceau : vers trois, quatre mois, le bébé commence à se bidonner lorsqu’on le chatouille. Une manière de créer un lien très particulier et durable avec le chatouilleur (le papa, la maman, les proches), lien très durable car basé sur le plaisir et la joie. Et ce comportement de réponse à la chatouille se poursuit longtemps : bien qu’il soit moins manifeste chez les adultes (ce qui est sans doute fort dommage), on constate cependant que 80% des chatouillés adultes ne manquent pas de se tordre de rire et 84% des chatouilleurs se fendent la poire en chatouillant !

Ainsi, qu’il s’agisse de chatouilles ou non, le rire est un merveilleux ciment des relations sociales. Il suffit pour s’en convaincre de voir des ados à la sortie du lycée glousser en veux-tu en voilà, alors qu’ils sont en pleine phase de socialisation. Ou encore les amoureux de tous âges, qui pouffent pour un oui ou pour un non, la plupart du temps sans autre raison que celle de constater qu’ils partagent le même plaisir d’être ensemble… et qu’ils ont très envie que cela dure ! Ainsi, comme le disait Charlie Chaplin : Le rire est le chemin le plus court entre deux personnes…

Pour en savoir (beaucoup ! ) plus :

  • Corine Cosseron, Comment remettre du rire dans sa vie, la rigologie, mode d’emploi, Robert Laffont

Corine Cosseron est à l’initiative de l’école française du rire (www.ecoledurire.com). Elle est devenue une spécialiste incontournable de la thérapie par le rire.

  • Norman Cousins, Comment je me suis soigné par le rire, Petite Bibliothèque Payot

  • Robert Provine, Le rire, sa vie, son œuvre : Le plus humain des comportements expliqué par la science, Robert Laffont

  • Toutes les infos sur les clubs et le yoga du rire en Belgique :

http://www.clubderire.be/

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